Le syndrome de Korsakoff n’est pas exceptionnel : 10% des buveurs « excessifs » développent des complications neurologiques chroniques ; dans 80% des cas, il s’agira de syndromes de Korsakoff. Une fois le diagnostic constaté, il n’y a pas de guérison possible : les séquelles sont toujours lourdes (perte d’autonomie, institutionnalisation).

Le syndrome de Korsakoff est spécifique de l’abus d’alcool ; on décrit de plus rares cas associés à des AVC ou associés à des troubles nutritionnels (Korsakoff carentiel). On décrit un continuum entre alcoolodépendance et Korsakoff.

Une abstinence définitive permet néanmoins, dans un certain nombre de cas, une réversibilité partielle.

Le syndrome de Korsakoff est une tétrade  :

  • L’amnésie « antérograde » est l’oubli à mesure après quelques dizaines de secondes et donc une incapacité de stockage de l’information. La lacune peut aussi être « rétrograde », portant alors sur quelques mois, voire années précédant le début de la maladie.
  • Une désorientation temporo-spatiale (conséquence de l’amnésie antérograde).
  • Les « fabulations » (raconter des histoires inventées) : histoires pauvres mais souvent plausibles (voisines d’activités autrefois coutumières). Les fabulations remplacent les souvenirs.
  • Les fausses reconnaissances : en rue, en famille, reconnaître quelqu’un qui s’avère être un inconnu.  « Voilà mon cher cousin » (propos lancé à un inconnu).

L’installation est progressive : dans 80% des cas dans le décours d’un accident de sevrage nommé « Gayet-Wernicke », non diagnostiqué ou traité trop tardivement ; dans 20% des cas sans notion de Gayet-Wernicke.

Le diagnostic ne peut être posé et confirmé qu’avec un recul de 6 mois.

Le Korsakoff est donc une « maladie de la mémoire » ; la désorientation spatiale et les fausses reconnaissances ne résultent que des lacunes mnésiques.

L’Alzheimer initialement repéré par des troubles de la mémoire verra le registre des fonctions cognitives atteintes s’élargir au fil du temps (s’habiller, se laver, etc…) ; le Korsakoff est et reste une « maladie des mémoires » dont le décours est le plus souvent dramatique.

L’anosognosie (c’est-à-dire que la personne ne se considère pas malade) est profonde et rend la prise en charge complexe.

La prévention du Korsakoff ? Assurer tous les sevrages alcooliques sous bonne couverture de B1. Pas de sevrage improvisé !

 

Le delirium tremens est un état aigu dans le décours d’un sevrage programmé ou non. Il est précédé ou non de crises d’épilepsie (de sevrage). Le patient est désorienté dans le temps et l’espace et il va présenter des phénomènes hallucinatoires qui mènent chez lui à l’agitation. Ces hallucinations consistent typiquement en la description de « petites bêtes » (ou moins petites) dans sa chambre, rampant ou grimpant sur les murs de sa chambre. Ces hallucinations peuvent bien sûr prendre d’autre formes. Souvent, elles sont terrifiantes. Des complications peuvent survenir : fièvre, tachycardie, sudations profuses, déshydratation : ces complications ne sont traitées qu’aux urgences et soins intensifs. Dès que le diagnostic est suspecté, le transfert en soins intensifs est urgent. Les décès restent fréquents en cas de delirium (10 à 30%).