Les maladies du foie (stéatose, fibrose, cirrhose, hépatocarcinome ou cancer) sont décrites dans d’autres FAQ . Mais de quoi précisément va-t-on se plaindre et de quoi va-t-on mourir si on est atteint ?

Précisons d’abord que la douleur n’est certainement pas un signe d’appel ou un signe précoce puisque le foie n’est pas innervé ; seule sa capsule est innervée et donc sensible. Les douleurs sont donc tardives ou liées à des complications le plus souvent tardives. Les personnes avec mésusage de boissons alcoolisées évoquent parfois des « crises de foie » : en fait, il s’agit le plus souvent de gastrite avec vomissements, mais le foie lui-même n’y est pour rien. Le « Je n’ai jamais eu mal au foie, Docteur » ne signifie donc rien.

Le foie est donc « l’usine biochimique du corps » ; toutes les synthèses chimiques et dégradations de substances chimiques se font au niveau du foie, qu’il s’agisse des lipides (le cholestérol) , des glucides (sucres) ou des protéines. Selon le degré d’atteinte de ces fonctions – donc selon l’évolution de la fibrose ou de la cirrhose –, ces perturbations biochimiques vont s’accentuer. On dit donc que le « métabolisme » est perturbé. Donnons quelques exemples :

  • une diminution des protéines et de l’albumine donnera des œdèmes (comme les œdèmes de carence du tiers monde)
  • les protéines nécessaires à la coagulation peuvent diminuer et il apparaîtra des hémorragies
  • moins de protéines musculaires entraîne de l’atrophie musculaire et donc de la faiblesse musculaire
  • il y a augmentation des triglycérides (dans la famille des lipides)
  • augmentation des bilirubines : l’accumulations de ce « pigment » va donner lieu à un teint jaunâtre appelé ictère ; on devient jaune citron.

Les perturbations chimiques sont très nombreuses, aboutissant à la synthèse de toxines et à des carences multiples dont les signes seront : de la fatigue confinant parfois à épuisement, de la faiblesse musculaire, une atteinte de l’état général, une perte de l’appétit.

Puis, il y aura à souffrir des complications de la cirrhose. S’il apparaît des varices œsophagiennes, on risque des saignements souvent dramatiques au niveau de l’œsophage. L’apparition des varices est liée à un mauvais retour du sang veineux abdominal vers le foie et au-delà du foie : le foie fibrosé et cirrhotique est dur et offre une résistance à ce flux veineux abdominal de retour. En amont du foie, au point de vue circulatoire veineux, il y a de la stase et une augmentation des pressions veineuses, tout comme en amont d’un barrage les eaux montent. Par le même mécanisme, des hémorroïdes peuvent apparaître. Suite à la « résistance » offerte par le foie devenu dur, la cavité du péritoine se remplit de liquide : ce liquide s’appelle « ascite ». Plusieurs litres peuvent s’accumuler dans cet espace péritonéal. Il faudra alors procéder à des ponctions répétées. L’ascite est inconfortable : distension par ce gros ventre. Ce liquide peut s’infecter (péritonite).

L’immunité est affaiblie ; de nombreuses infections peuvent être alors favorisées : infections pulmonaires et autres.

L’usine chimique du foie peut développer un fonctionnement devenu trop ralenti : on parle d’insuffisance hépatique ou de décompensation cirrhotique. Le pronostic vital est alors enclenché.

Un cancer du foie peut survenir (hépatocarcinome) : c’est toute l’histoire et le pronostic d’un cancer particulièrement préoccupant.

Et l’on meurt parfois ainsi « sans avoir eu mal au foie ».