Avec une dimension symbolique d’automutilation, une vraie destruction de soi par soi − en connaissance de cause − nous est reportée par certaines patientes ou plus rarement certains patients. D’autres fois, l’automutilation est physique.

Une patiente de la soixantaine, qui a déjà fait un vrai parcours thérapeutique l’aidant à voir clair dans ses comportements d’alcoolisation, dans le pourquoi et le comment, dans la découverte de soi-même, dans le sens et non-sens de sa vie, faisait le constat suivant lors d’un de ses réalcoolisations émaillant sa nouvelle vie d’abstinente : « J’aurais pu faire de l’automutilation… ».

De façon non-exceptionnelle, une automutilation avec ses stigmates physiques est présente chez certaines personnes avec mésusage d’alcool : scarifications, coupures.

Dans les racines de ces vies, on fait souvent le même constat : parents non aimants, pas de sécurité affective, donc pas d’estime de soi ni « d’amour de soi », pas de vrai goût à la vie, mépris de soi, culpabilité de vivre.

Boire est une façon de s’annihiler, de s’anesthésier, « un suicide à petit feu », d’infliger au corps et à l’esprit ce qu’ils méritent aux yeux de celui·celle qui boit ainsi : le néant. Les « rechutes » se font sans en ignorer les conséquences socio-familiales et personnelles. Elles ne sont pas vraiment évitées ; les plans d’urgence des thérapeutes semblent sciemment mis de côté. Une tentative de suicide sera une façon de concrétiser et finaliser cette néantisation.

L’automutilation symbolique à la soixantaine et l’automutilation par la lame chez l’adolescent ou le jeune adulte ont ceci de commun : un mépris profond de soi lié à une carence précoce : n’avoir été ni valorisé, ni aimé, ni choyé très tôt dans la vie.  Comme dans « Le Petit Prince » de Saint Exupéry, il faudra « apprivoiser » ces personnes en grande détresse.